
Pièce emblématique du vestiaire masculin-féminin, le costume c'est en fait bien plus que ça. Symbole d'affranchissement et de lutte contre les inégalités hommes/femmes c'est assurément bien plus d'un vêtement...
Vers plus de confort mais surtout vers l'affranchissement
1666, le costume alors composé d'un pantalon, d'un gilet et d'une cravate fait son apparition à la cour du roi Charles II d'Angleterre. Bien évidemment, nul autre qu'un homme ne pouvait le porter.
Au XVIIème siècle, le costume jupe - considéré comme la tenue confortable et pratique par excellence - commence à se démocratiser. À la fin du XIXème siècle, les femmes, toujours interdites de pantalons, commencent pourtant pour certaines à se rebeller.
Si elle ne portait pas encore le costume, l'activiste féministe Amelia Bloomer est la première en 1850 à porter le pantalon "bloomer", en signe de rébellion face au dresscode féminin et à ses contraintes (corset, jupon et tout le tralala).

1870, l'actrice Sarah Bernhard, qui n'en est pas à son premier coup d'éclat, choque tout Paris en apparaissant dans son costume sur-mesure. Connue pour ses folies vestimentaires (entre autre), celle qui va notamment incarner Hamlet au théâtre parle alors de "ses vêtements d'homme".
Pendant la Première guerre mondiale, les femmes participant à l'effort de guerre jugeant le pantalon plus pratique, elles commencent à le porter. 1914, c'est aussi le premier costume selon Gabrielle Chanel. Mais plutôt que le pantalon, elle lui préfère encore une jupe aux chevilles.

Les années 30, le boom du costume
Toujours interdit dans la rue, le costume apparaît au cinéma. Son premier rôle sur grand écran ? Dans le film "Morroco", porté bien évidemment par Marlene Dietrich. Elle en fera son look signature. Katharine Hepburn aussi se l'accapare.
Au-delà du cinéma, ce sont les couturiers comme Marcel Rochas qui le reprennent. Il reste cependant réservé à quelques événements mondains et à des clientes riches et célèbres.

1966, Courrèges imagine le premier costume de jour, à porter non plus seulement en soirée. En juillet de la même année, à seulement 30 ans, Yves Saint Laurent présente "Le smoking" qui lui vaudra d'être qualifié de "lanceur de bombes le plus élégant du monde de la mode" par le Women's Wear Daily.
La même année, vêtue d'un costume Yves Saint Laurent, la socialite américaine Nan Kempner se voit refoulée du restaurant new-yorkais La Côte Basque. N'entendant pas rester à la porte, elle enlève le pantalon et fait son entrée dans sa veste de costume façon minirobe.

Le power suit des 80's
Incontournable des années 80, le costume jupe mais aussi pantalon voit sa carrure décupler. Une façon pour la working girl de se faire une place face aux hommes dans le monde du travail. Un uniforme aux codes masculins pour tenter de lutter contre les inégalités entre les sexes.
À la même époque, le costume devient l'autre star de la série "Dynastie". Nolan Miller, son styliste, dépense chaque semaine plus de 35 000 dollars en costumes pour ses actrices.

90's la controverse encore et toujours
Alors que le costume pantalon sera interdit dans l'enceinte du Sénat américain jusqu'en 1993, Madonna porte en 1992 le sien (griffé Jean Paul Gaultier) seins nus. Claudia Schiffer sur le podium Yves Saint Laurent Automne-Hiver 1996-1997 porte elle aussi le sien sans rien en-dessous.

Année 2000, un symbole encore très fort
En 2008, Hilary Clinton lui crédite entre autres sa victoire au Sénat. "62 pays, 16 mois, trois débats, 2 opposants et 6 costumes noirs, grâce à vous nous y voilà".

Si le costume n'est plus exactement avant-gardiste depuis des années, son come-back en force en 2018 n'est pourtant pas dénué de sens. Alors que la lutte pour l'égalité des sexes reprend de plus belle, le costume comme Lady Gaga l'explique, est une façon de "reprendre le pouvoir".

Amélie Cosmao